En janvier 2012, l’émission Signes de la RTS s’intéressait à l’historique de la place des sourds dans un monde où la communication orale est omniprésente et à l’émergence d’une nouvelle profession : les interprètes en langue des signes.
A visionner directement sur le site de la RTS :
Texte de présentation de cette émission spéciale :
Longtemps, pour communiquer avec les autres, les Sourds devaient se faire aider par leurs familles. Autant dire que leur accès au monde était bien limité! Les proches des Sourds faisaient souvent de leur mieux mais leurs traductions n’étaient pas forcément fiables: approximations, résumés, oublis involontaires ou omissions étaient monnaie courante.
La personne sourde n’avait aucune garantie de se faire comprendre par les autres et elle dépendait complètement du bon vouloir des siens. Ce n’est qu’au début des années 1980 du 20ème siècle, soit au moment de la renaissance de la Langue des signes après plus d’un siècle d’interdiction, que les Sourds voient émerger une nouvelle profession, celle d’interprète en LSF. Leur vie en est transformée: le métier d’un interprète professionnel est régi par des règles déontologiques strictes. Il est au service de son client et il est tenu au secret. Sa présence dans diverses occasions de la vie professionnelle et privée permet enfin aux personnes sourdes de devenir autonomes.
Tout avantage a son revers de médaille. Parfois, dans les petites villes qui comptent très peu d’interprètes, un Sourd pourrait se sentir gêné car plusieurs aspects de sa vie seront connus par une seule personne. Qu’en est-il en Suisse romande? S’agit-il vraiment d’un problème? SIGNES a voulu en savoir plus.
Cette émission consacrée aux passeurs des signes nous offre aussi l’occasion de se pencher sur les caractéristiques d’un métier mal connu. Savons-nous seulement combien le travail des interprètes peut être stressant et émotionnellement fatigant ? Autant dans des situations d’interprétation de liaison (école, médecin, rendez-vous professionnels, cours de formation) que lors des conférences ou des grands congrès.
Conquête de l’autonomie
La Langue des signes a refait surface en Europe au début des années 80 après un siècle d’interdiction; elle a survécu dans la clandestinité jusqu’à sa réapparition en 1980; un nouveau métier est alors apparu, celui d’interprète en LSF. Avant la professionnalisation des interprètes, les Sourds dépendaient de leur famille et n’avaient aucune autonomie dans leur vie sociale. La présence des interprètes a profondément modifié leur existence et ils sont devenu des citoyens à part entière. Aujourd’hui, ils peuvent franchir les portes des écoles et des universités pour s’intégrer dans la vie active.
Le métier d’interprète
L’interprète intervient dans des domaines très variés. Il est soumis à une déontologie stricte qui l’oblige à exercer dans un cadre clairement défini et à établir une relation de confiance avec les usagers. Les Sourds le considèrent avant tout comme un point linguistique entre leur monde et celui des entendants. L’interprète passe d’une langue vocale à une langue visuelle; ce mécanisme requiert une grande concentration et un large éventail de compétences. Ce métier encore mal connu se développe considérablement avec l’éclosion des nouvelles technologies de communication pour les Sourds.
Vivre avec un interprète
Carole, qui est sourde, est mariée à Micaël, interprète en LSF. Leur vie commune exige une adaptation mutuelle pour respecter les contraintes du métier de Micaël qui ne peut jamais partager son quotidien professionnel avec sa femme. De même, Carole ne fait pas appel à son mari pour des missions de traductions extérieures. Leur vie sociale est riche, autant avec les entendants qu’avec les Sourds. Mais, souvent, Micaël préfère passer ses moments de détente avec les Sourds car alors il n’est pas soumis à l’exercice de la traduction et au questionnement incessant des entendants désireux de découvrir le monde des Sourds.
La formation d’interprète
Les « Accords de Bologne » ont considérablement changé le système universitaire européen avec des répercussions inévitables sur la formation des interprètes en Suisse romande. Très peu de candidats répondent aux critères d’admission et certains, comme Maud, sont partis se former en France. Cette situation a débouché sur une pénurie d’interprètes et la nécessité d’en engager d’autres en France. Face à la demande croissante des besoins des Sourds de Suisse romande, il est urgent de trouver une solution et de mettre en place une formation dans le cadre de l’Ecole de traduction et d’interprétation de Genève (l’ETI).